Saisir l’instant. S’y réfugier.
Et s’en repaître. En rêver.
À cette épave s’accrocher.
Le mettre à l’éternel présent.
Saisir l’instant.
Ce sont les mots d’Esther Granek qui m’ont inspiré cette chanson. Esther Granek est une survivante de la Shoah. Échappée d’un camp de concentration, réfugiée, cachée jusqu’à la fin de l’occupation… Elle finit par s’installer en Israël pour prendre un poste à l’ambassade de Belgique à Tel Aviv.
Ce poème « Saisir l’instant » figure dans son recueil « Je cours après mon ombre » (1981). Les mots d’Esther Granek chantent, indéniablement. J’entends de la musique dans sa plume. De la musique qui sait parler à nos coeurs. Il me semble que, comme Esther, nous sommes nombreux à courir après nos ombres. Personnellement je suis conscient de nourrir depuis longtemps une sérieuse obsession pour le temps qui passe. En tout cas ça ressort avec une certaine évidence dans mon écriture : Seconde, Contemplatif, Entre moi et le temps, Trace…
Comment ne pas avoir la sensation d’être dévoré par le temps qui passe, englouti dans le sablier géant du quotidien ? Toutes ces minutes qui passent, perdues à tout jamais, qu’en faisons-nous ?
« Saisir l’instant…. le mettre à l’éternel présent » nous propose Esther Granek. Certes, l’éternité c’est le présent qui dure toujours… Chaque seconde n’est finalement qu’un fragment de ce présent continue. Et on peut faire tant de choses l’espace d’une seconde. Le choix est vaste.
Peut-être suffit-il juste de s’arrêter un instant pour en prendre conscience ? Bien au delà du Carpe Diem, ma chanson est un encouragement à voir le temps dans une dimension collective, que je veux croire mutuellement bénéfique. Toi et moi, nos vies sont entrelacées. Profitons pour les conjuguer au pluriel. Prenons le temps de nous aimer. Donnons-nous une seconde. Une seconde chance.
SECONDE
Donne-moi juste une toute petite seconde
Le temps de m’arrêter, le temps de prendre le temps
Le temps d’y réfléchir, de reprendre mes idées
Juste une seconde de rien, qu’un instant entre toi et moi
Qu’est-ce qu’on peut faire d’une toute petite seconde
Le temps de respirer, de saisir l’instant présent
Une seconde pour agir, saisir la balle au bond
Pour le meilleur ou le pire, le temps de faire un choix
Ne laisse pas le temps jaloux de nous
De ce fragment d’éternité
Dans les sables mouvants nous engloutir
Toi et moi
Ne laisse pas le temps jaloux de nous
Jaloux de nos vies entrelacées
Dans les sables mouvants nous ensevelir
Toi et moi
Arrêtons-nous une toute petite seconde
Le temps de retrouver le temps de se retrouver
Rien qu’une seule seconde pour croiser ton regard
Le temps de nous aimer, se donner une seconde chance
Ne laisse pas le temps jaloux de nous
De ce fragment d’éternité
Dans les sables mouvants nous engloutir
Toi et moi
Ne laisse pas le temps jaloux de nous
Jaloux de nos vies entrelacées
Dans les sables mouvants nous ensevelir
Toi et moi
—
Jean Jacques Cristofari – basse
Valéry Lacroix – batterie
Fred Flohr – piano, voix
Mixage: Valéry Lacroix & Fred Flohr
Mastering: Michael Vail Blum, Titan Recording L.A.
Extrait de l’album « Né de la dernière pluie » (2015)
© 2020 Flohr CPV
Be the first to comment.